— Adieu, Jean-sans-Peur, lui dit-il, je meurs pour toi : c’est un mauvais génie que tu voulais épouser, et qui s’est transformé en femme pour te tromper.
Il mourut ; Jean-sans-Peur eut bien du chagrin, mais il ne regretta pas la méchante femme qui avait tué son aide-de-camp. Il se maria avec sa cousine, et, s’ils ne sont pas morts, ils vivent encore.
III
LA RECHERCHE DE LA PEUR
Jean-sans-Peur partit pour aller chercher la Peur ; il se rendit chez son frère aîné qui était recteur et qui, l’ayant envoyé à la cave, mit dans l’escalier des corps morts ; mais Jean-sans-Peur les rangea de son passage et apporta tranquillement son cidre.
Il continua sa route et arriva à une grande maison qui était soutenue par des piliers ; il y entra et ne vit personne, mais la table était servie. Il tomba par la cheminée un grand corps qui appela dix-neuf petits diables. Ils se mirent à table, et Jean-sans-Peur, qui avait dans sa poche des noisettes et des balles de plomb, se mit à casser les noisettes et à les manger. Un des petits diables lui en demanda une, et il lui donna une balle de plomb ; le petit diable ne put la croquer, et le gros n’y réussit pas davantage.
Ils voulurent le mettre à la porte ; alors Jean-sans-Peur prit sa barre de fer, et frappa si durement sur les petits diables qu’il les fit s’en aller par le trou de la serrure ; mais le gros ne pouvait y passer que la tête. Jean-sans-Peur lui dit :
— Je vais te laisser tranquille et t’ouvrir les portes, si tu veux me signer un écrit où tu diras que ce château est à moi.
Le gros diable signa et Jean-sans-Peur le laissa partir.
Il vit ensuite un homme qui avait une couronne sur la tête, et qui avait la mine très affligée : c’était le roi. Jean-sans-Peur lui dit :
— Cette maison-ci est à moi.