Page:Sébillot - Contes de terre et de mer.djvu/197

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Ce fut Pierre-Marie qui le premier entra dans le panier, et on lui remit une clochette en lui disant de sonner s’il rencontrait un obstacle ou s’il avait peur ; puis on laissa doucement glisser la corde. Mais dès que le matelot se sentit suspendu en l’air et qu’il ne vit plus le jour que par l’ouverture du puits, il sonna la clochette et on se hâta de le remonter. Pierre-Joseph se mit à son tour dans le panier, et il descendit un peu plus que son camarade ; mais il ne tarda pas à son tour à être effrayé, et il fit retentir la clochette pour dire aux autres qu’il ne voulait pas aller plus loin.

Le capitaine se plaça dans le panier, et dit à ses matelots :

— Vous laisserez glisser la corde jusqu’à ce qu’il ne vous en reste plus qu’un petit bout, et vous vous tiendrez ensuite près du trou pour me remonter.

Le capitaine avait pris avec lui une canne qui pesait sept ou huit cents livres, et tout en descendant, il sondait pour voir s’il trouvait le fond, mais il ne rencontrait que le vide. La corde fut toute filée avant qu’il arrivât au fond du souterrain, et quand elle cessa de glisser, l’ouverture du puits ne paraissait pas plus grosse qu’une étoile. Alors il se laissa tomber hors du panier et arriva sans trop se faire de mal à l’endroit où finissait le souterrain.

Il y faisait noir comme dans un four, et le capitaine Pierre se dirigea d’abord en tâtant le terrain avec sa canne ; mais à force de regarder il aperçut une petite lumière, vers laquelle il marcha, et il se trouva devant la petite cabane d’où partait la lueur.

Quand il y fut entré, il sentit qu’il avait faim, et il dit tout haut :

— Ah ! si j’avais quelque chose à manger, cela me ferait du bien.

Aussitôt une table toute servie et où rien ne manquait se montra devant le capitaine ; il mangea avec appétit ; puis son repas fini, il se sentit fatigué et dit :