Page:Sébillot - Contes de terre et de mer.djvu/203

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ils n’étaient plus qu’à quelques pieds de l’ouverture, le dernier morceau disparut dans le bec de l’oiseau, et comme il criait encore : « couac ! » le capitaine coupa une petite tranche de sa cuisse et la présenta à l’aigle, qui donnant un dernier coup d’aile, arriva à l’ouverture du puits.

— Ouf ! dit le capitaine en sautant à terre, nous voilà sauvés ; mais cela n’a pas été sans peine.

En entrant dans la cabane, il ne trouva plus ses deux compagnons qui s’étaient enfuis en emmenant les princesses avec eux. Il se souvint alors de la baguette que le nain lui avait donnée, et il frappa la terre en disant :

— Je souhaite qu’un vaisseau tout rouge et monté par des matelots rouges arrive ici pour me transporter en France.

Aussitôt il vit sur la mer un vaisseau peint en rouge, qui, toutes voiles dehors, se dirigeait vers le rivage. Il s’arrêta à peu de distance, et une baleinière vint chercher le capitaine et la princesse. Quand il mit le pied à bord, on tira le canon en son honneur, et l’équipage rangé sur la lisse le salua comme son capitaine.

Le vaisseau rouge fit une heureuse traversée et arriva à Paris le jour même où les deux compagnons devaient se marier avec les filles du roi qu’ils avaient ramenées ; en entrant dans le port, le capitaine tira cent coups de canon.

— Voilà, dit le roi de France, un vaisseau qui me salue ; il faut inviter le capitaine au repas de noces, puisqu’il est si honnête.

Le capitaine se rendit à l’invitation du roi, et il se mit à table avec les autres invités. À la fin du dîner, chacun raconta ses