Page:Sébillot - Contes de terre et de mer.djvu/80

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se venger de moi. Elles étaient venues demeurer sous mon Louvre, et elles faisaient de la musique et des danses qui empêchaient tout le monde de dormir. J’ai détruit leur habitation, et je les ai chassées. Mais elles sont venues prendre mes filles et, après les avoir emmorphosées[1] en singes, les ont emmenées dans un château sur une île à l’embouchure d’un fleuve. Elles sont gardées par les bêtes les plus féroces du monde ; aucun navire n’a pu en approcher, tous ceux qui ont tenté l’aventure ont été détruits et les équipages dévorés. Ne pourrais-tu les délivrer ?

— Quelle récompense me donnerez-vous ? demanda le mousse.

— Tu épouseras celle des deux que tu choisiras ; il y en a une qui se nomme la Fleur Sans Pareille, parce qu’elle est la plus belle, et l’autre, qui est moins jolie que sa sœur, s’appelle Bonté Sans Égale, parce qu’elle est bonne comme le bon pain. Je te donnerai de plus mon royaume.

— Sire, répondit le mousse, je ne garantis pas de parvenir à délivrer vos filles ; mais j’essaierai. Faites-moi faire un tonneau, le plus grand que vous pourrez, avec des douves de corne transparente aux deux bouts, afin que mon tonneau soit éclairé ; il faudra qu’il y ait sur le dessus un panneau qui ferme bien juste.

Le roi fit venir les meilleurs tonneliers de la ville, et il y en eut plus de cent qui proposèrent des plans pour le tonneau. On choisit celui qui convenait le mieux, et quand il fut terminé, le roi fit venir le mousse et lui dit :

— Regarde-le bien, est-il fait à ton goût ?

— Oui, répondit-il.

  1. Métamorphosées.