Page:Sébillot - Contes de terre et de mer.djvu/81

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— Tu vas choisir parmi mes sujets un homme pour aller avec toi.

— Non, je ne veux personne ; si je peux délivrer les princesses, j’aurai tout seul la récompense.

Il fit mettre, dans le tonneau, de l’eau, du vin, des vivres, et tout ce qu’il fallait, puis il s’y embarqua et le fit pousser à la mer. Tous les gens de la ville étaient sur le quai pour le voir partir. Dès qu’il sentit que son tonneau flottait, il dit :

— Par la vertu de mon petit cordon, que mon tonneau se dirige vers le château où les deux princesses sont emmorphosées.

Il fit passer par la bonde une petite voile : aussitôt le tonneau se mit à marcher comme le vent, et en un clin d’œil les gens de la ville le perdirent de vue. Au bout de quelques jours, il dit :

— Par la vertu de mon petit cordon, si je suis bientôt auprès du château, que mon tonneau fasse route sous l’eau.

Le cordon lui répondit :

— Tu as encore vingt-quatre heures à naviguer.

— Hé bien ! que le tonneau aille sous l’eau ; car les bêtes féroces sentent de loin, et si elles avaient connaissance de moi, je parviendrais plus difficilement à aborder.

Quand le tonneau fut arrivé au pied du château, il s’arrêta, et le mousse dit :

— Par la vertu de mon petit cordon, qu’il se forme un passage par où je puisse m’introduire dans l’appartement où sont les deux princesses.

Il entendait à travers l’eau les bêtes qui hurlaient et sifflaient à faire trembler. Voilà les murs qui s’ouvrirent et le tonneau s’arrêta sous la chambre où étaient les deux princesses. Le mousse ouvrit son panneau, et entra dans la chambre où il vit deux singes : c’étaient