Page:Sébillot - Contes des landes et des grèves.djvu/245

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le brigot monta sur le dos du minard, et il se disait : « Je suis bien aise de n’être pas grapillon ; car les grapillons sont exposés à bien plus de dangers que moi, et les autres poissons les mangent. Tant qu’à souhaiter d’être quelque chose, j’aimerais mieux être minard, comme le poisson qui me porte. »

Pendant que le brigot se disait cela, le minard qui nageait toujours, fut attaqué par un gros congre, accompagné de son ami le homard. Le minard se mit à leur cracher du noir pour les aveugler ; mais il fut blessé, et ses deux ennemis se mirent à le déchiqueter tout vivant.

Le brigot, qui avait quitté le dos du minard au commencement du combat, se disait :

« Je ne porte plus envie à aucun poisson ; j’aime mieux être brigot que minard ou grapillon. Étant tout petit, je suis moins exposé à être mangé ! »


(Conté en 1885 par François Marquer, de Saint-Cast.)