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TRADITIONS ET SUPERSTITIONS

passer. Il y entra, et il lui sembla qu’aussitôt que l’homme eut rendu le dernier soupir, il sortit de sa bouche un papillon tout gris qui se posa sur la poitrine du défunt.

Le pauvre ne le perdit pas de vue. Quand on mit le mort dans le cercueil, le papillon se plaça sur le bout, et quand on déposa le cercueil en terre, il voltigea çà et là, puis il prit son vol. Le pauvre le suivit jusqu’à une lande où il le vit s’arrêter. Il dit au papillon :

— Pourquoi es-tu venu jusqu’ici sans t’arrêter ?

— Ah ! répondit le papillon, c’est que je n’ai trouvé que cet endroit pour me reposer, car depuis celui d’où je suis parti jusqu’ici, tout est couvert d’âmes qui sont à faire pénitence.

— Et toi, petit papillon, dit le pauvre, en as-tu encore pour longtemps ?

— Pour sept ans.

— N’y aurait-il pas moyen d’abréger ce temps ?

— Non, à moins que pendant un an tu ne veuilles jeûner au pain sec et à l’eau.

— Je veux bien, dit le pauvre.

— Eh bien ! fais-le, et tu n’y perdras pas.

Le pauvre s’en retourna, et pendant un an il jeûna au pain sec et à l’eau. L’année suivante, il revint sur la lande et demanda au papillon s’il était quitte.