Qu’autant de baisers on me donne,
Que le poète de Véronne
À sa Lesbie en demandoit.
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Autant donc que de fleurs fleurissent,
D’espics et de raisins mûrissent,
Autant de baisers donne-moy :
Autant je t’en rendray sur l’heure,
Afin qu’ingrat je ne demeure
De tant de baisers envers toy.
Mais sçais-tu quel baisers, mignonne ?
Je ne veux pas qu’on me les donne
À la Françoise, et ne les veux
Tels que la Vierge chasseresse
Venant de la chasse les laisse
Prendre à son frère aux blonds cheveux.
Je les veux à l’italienne,
Et tels que l’Acidalienne
Les donne à Mars son amoureux :
Lors sera contente ma vie
Et n’auray sur les dieux envie
Ni sur leur nectar savoureux[1].
N’est-ce pas que ces vers sont jolis et qu’ils ne dépareraient point l’écrin poétique d’Alfred de Musset ? Que de grâce câline il y a dans cette stance :
Mais sçais-tu quels baisers, mignonne ?…
Ah ! certes, ce n’est pas l’Olive qui aurait inspiré au poète de si tendres accents.
Cependant son bonheur fut de courte durée. Faus-
- ↑ Les Jeux rustiques.