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M"" DESHOULIÈRES 141

BIBLIOGRAPHIE : Œuvres de Mme Deshoulières, Paris, 1687-1695, in-80. Des nombniuses éditions des ouvrages de Mme Deshoulières, on estime, surtout celles de 1747 (2 vol. in-12) et de 1799 (2 vol. in-S »).

CONSULTER : Somaize : Dictionnaires des Précieuses. — Voltaire : Siècle de Louis XI V. — Pérseaud aine : Les Deux Deshoulières, Lyon, 1853, in-8. — DkltOUR : Les Ennemis de Racine, Paris, 1859, in-8". — Sainte-Beuve -.Portraits de femme. — A. Delacroix, Histoire de Fléchier, Paris, 1865. — A. Fauke : De la correspondance de Fléchier avec Mme Deshoulières et sa fille, Paris, 1871. — Alphonse Séchë et Jules BerïAUT : L’Evoluthon du Théatte contemporain, Paris, l’JO ».


LES FLEURS
Que votre éclat est peu durable,
Charmantes fleurs, honneur de nos jardins !
Souvent un jour commence et finit vos destins,
Et le sort le plus favorable
Ne vous laisse briller que deux ou trois matins.
Ah ! Consolez-vous-en, jonquilles, tubéreuses :
Vous vivez peu de jours, mais vous vivez heureuses !
Les médisans ni les jaloux
Ne gênent point l’innocente tendresse
Que le printemps fait naître entre Zéphire et vous.
Jamais trop de délicatesse
Ne mêle d’amertume à vos plus doux plaisirs.
Que pour d’autres que vous il pousse des soupirs,
Que loin de vous il folâtre sans cesse ;
Vous ne ressentez point la mortelle tristesse
Qui dévore les tendres cœurs,
Lorsque, pleins d’une ardeur extrême,
On voit l’ingrat objet qu’on aime
Manquer d’empressement, ou s’engager ailleurs.
Pour plaire, vous n’avez seulement qu’à paraître.
Plus heureuses que nous, ce n’est que le trépas
Qui vous fait perdre vos appas ;
Plus heureuses que nous, vous mourez pour renaître.
Tristes réflexions, inutiles souhaits !
Quand une fois nous cessons d’être,
Aimables fleurs, c’est pour jamais !
Un redoutable instant nous détruit sans réserve :
On ne voit au delà qu’un obscur avenir.
À peine de nos noms un léger souvenir