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Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/148

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Tant que je vivrai,
La douce mémoire,
Et que mes chansons
En mille façons
Porteront sa gloire,
Du rivage heureux
Où, vif et pompeux,
L’astre qui mesure
Les nuits et les jours,
Commençant son cours,
Rend à la nature
Toute sa parure,
Jusqu’en ces climats
Où, sans doute las
D’éclairer le monde,
Il va chez Thétis
Rallumer dans l’onde
Ses feux amortis.


SONGE


Les ombres blanchissaient, et la naissante aurore
Annonçait dans ces lieux le retour du soleil.
Lorsque dans les bras du sommeil.
Malgré des soins cuisants, je languissais encore,
A la merci de ces vaines erreurs
Dont il sait ébranler le plus ferme courage.
Dont il sait enchanter les plus vives douleurs.
De toute ma raison ayant perdu l’usage,
Je croyais être dans un sombre bocage.
Où les rossignols, tour à tour,
Semblaient me dire en leur langage :
Vous résistez en vain au pouvoir de l’Amour ;
Tôt ou tard, ce Dieu nous engage ;
Ah ! dépêchez— vous de choisir.
J’écoutais ce tendre ramage
Avec un assez grand plaisir,
Quand un certain oiseau, phis beau que tous les autres.
Sur des myrtes fleuris commença de chanter.
Doux rossignols, sa voix l’emporta sur les vôtres ;
Je vous quittai pour l’écouler.
Dieux ! qu’elle me parût belle !
Qu’elle s’exprimait tendrement !