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Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/213

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MELANIE WALDOR




« Quand je fis Antony écrit Dumas dans ses Mémoires, j’étais amoureux d’une femme qui était loin d’être belle, mais dont j’étais horriblement jaloux : jaloux parce qu’elle se trouvait dans la position d’Adèle, qu’elle avait son mari officier dans l’armée, et que la jalousie la plus féroce que l’on puisse éprouver est celle qu’inspire un mari, attendu qu’il n’y a pas de querelle à chercher à une femme en puissance de mari, si jaloux que l’on soit de ce mari.

« Un jour, elle reçut du sien une lettre qui annonçait son retour.

« Je faillis devenir fou.

« J’allai trouver un de mes amis, employé au ministère de la guerre : trois lois le congé, prêt à être envoyé, disparut, déchiré ou brûlé i)ar lui.

« Le mari ne vint pas.

« Ce que je souffris pendant cette période d’attente, je n’essayerai pas de le dire au bout de vingt-quatre ans, maintenant que cet amour s’en est allé où s’en vont les vieilles lunes du poète Villon.

« Mais lisez Antony : ce que j’ai souffert, c’est Antony qui vous le racontera ».

Ainsi Mélanie Waldor — car c’est d’elle, on le devine, dont parle Dumas — s’offre à nous avec un double intérêt. Non seulement elle tient un rang honorable dans la littérature féminine, mais, encore — et ce n’est pas le côté le moins curieux de sa physionomie ! — elle aura quelque pou été l’inspiratrice de Dumas, elle aura quelque peu posé devant lui pour l’Adèle d’Hervey d’Antony.

Mélanie Waldor était la fille de M. de Villenave, un érudit dont la bibliotliècjuo et les collections furent célèbres. Elle était née î Nantes en 1796, et avait épousé un capitaine irinfanterie. — Alexandre Dumas nous a dit où il l’avait connue. C’était en 1827, il lui avait été présenté après une séance littéraire donnée A, l’d^thénéo par M. de Villenave.

Leur liaison dura doux années (1).

(1) On ne lira pas sans intérêt les deux pièces suivnntos écrites par A. Dumas pour Mélanio Waldor. (es j)ièccs n’ont jamais été piibliérs ailleurs que dans if //irr » ’. L’oritiinal « iqiartcnnit a M. Si’oelterch do Lovenjoul.

REVERIE

O toi que si souvent j’avais vue en tues s « n</es,
’/’tri que longtemps je crus une idvalitf
Kl qui de mes plus doux mensonges
Viens m’ofjrir la liberté

Sais-tu pourquoi les e/iants que ta roix fait entendre
Ont soumis mon esprit d leur charme vainqueur t
C’est que ton ca-ur est triste et tendre,
Ht que tes c/iauts vient)< ut du cœur /…