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Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/29

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Machault, c’est autre chose ! Sans doute il le crut et il eut tort. Peut-être de son côté, l’entretint-elle trop longtemps dans cette douce illusion ; elle n’eut pas raison, non plus. Mais n’avait-il pas commencé un long poème à sa louange ? Il fallait bien l’encourager pour qu’il continuât son travail. Les femmes furent toujours les mêmes !

Hélas ! quelle tristesse et quelle douleur pour Guillaume de Machault, le jour où sa princesse épousa le beau Phœbus, comte de Foix. Fini le si joli roman d’amour. Fini aussi le bonheur pour Agnès. Son mari la rendra malheureuse et, véritable maniaque de la persécution, laissera mourir de faim son propre fils après l’avoir jeté en prison sous l’imaginaire prétexte qu’il avait voulu l’empoisonner.

La pauvre Agnès traîna des jours désolés. On ignore la date de sa mort. Du moins vivait-elle toujours quand mourut, en 1377, son « très doux cœur » Guillaume de Machault.

Les Poésies d’Agnès de Navarre-Champagnedame de Foix, ont été publiées par les soins de M. Prosper Tarbé, Paris-Reims, 1856, in-8o. — On consultera avec profit l’intéressante notice de cette édition.


RONDEAUX


A GUILLAUME DE MACHAULT


I


Celle qui onques[1] ne vous vit
Et qui vous aime loyalement.
De tout son cœur vous fait présent,
Et dit qu’à son gré pas ne vit
Quand voir ne vous peut souvent ;
Celle qui onques ne vois vit
Et qui vous aime loyalement.
Car, pour tous les biens que de vous dit
Tout le monde communément,
Conquise l’avez bonnement :
Celle qui onques ne vous vit
Et qui vous aime loyalement.
De tout son cœur vous fait présent.


II


Ami. si Dieu me confort[2],
Vous aurez le cœur de mi
Qui surtout vous aime fort.
Ami, si Dieu me confort.

  1. Jamais
  2. Si Dieu m’aide.