M’est cette saison grevaine[1]
Hélas, car j’ai la quartaine[2]
Qui me rend toute étourdie,
Souvent et de tristess’ pleine :
Ce me fait la maladie.
J’ai goût plus amer que suie,
Et couleur pâle et malsaine ;
Pour la toux faut que m’appuie
Souvent, et me fault l’haleine[3].
Et quand l’accès me demaine[4],
A donc ne suis tant hardie
Que je boive, que tisaine[5].
Ce me fait la maladie.
Je n’ai garde que m’enfuie[6],
Car, quand je vais, c’est à peine,
Non pas l’eire d’une luie[7] ;
Mais par une chambre pleine,
Encor convient qu’on me mène ;
Et souvent faut que je die :
Soutenez-moi, je suis vaine[8] :
Ce me fait la maladie.
Médecins, de mal suis pleine,
Guerissez-moi, je mendie
De santé qui m’est lointaine ;
Ce me fait la maladie.
Seulette suis, et seulette veux être,
Seulette m’a mon doux ami laissée,
Seulette suis sans compagnon, ni maître,