Les dames des Roches sont surtout connues pour un « petit fait qui aida à leur renommée », et qui tient une place dans l’histoire littéraire du xvie siècle.
Madeleine Neveu, veuve d’André Fradonet, sieur des Roches, et Catherine, sa fille, vivaient à Poitiers où elle s’occupaient de belles-lettres et recevaient les hommes les plus considérables de leur temps : Étienne Pasquier, le président Achille du Harlay, Nicolas Rapin, Scévole de Sainte-Marthe, etc.
Or, en 1579, pendant la tenue des assises qu’on appelait les Grands jours, Étienne Pasquier, qui faisait partie du tribunal, vint rendre visite aux dames des Roches et vit une puce sur la gorge de Catherine. Aussitôt il fit sur l’insecte téméraire des vers qui se répandirent et, bientôt chacun en fit sur le même sujet, qui en grec, qui en latin, qui en français et la Puce de Mlle des Roches passa ainsi à la postérité.
Les dames des Roches s’étaient fait connaître vers 1570 par des pièces de théâtre, Panthée et Tobie. Leurs premières œuvres poétiques parurent en 1579, à Poitiers, et leurs secondes œuvres en 1584 à Paris, chez l’Angelier. L’édition la plus complète est celle de Rouen, 1604.
La mère et la fille eurent à supporter beaucoup d’ennuis, ainsi qu’on le voit par plus d’un passage de leurs poésies, mais elles s’en consolèrent par le tendre attachement qu’elles ne cessèrent d’avoir l’une pour l’autre et qui était tel que Catherine refusa toujours de se marier. La destinée ne les sépara pas même dans la mort car elles succombèrent le même jour, en 1537, de la peste qui désolait Poitiers.
Les dames des Roches ont fait ensemble une traduction du poème de Claudius, l’Enlèvement de Proserpine, où il se trouve d’assez bons vers et qui fut estimée dans son temps.
Madeleine des Roches a écrit de nombreuses poésies, mais on peut dire que son meilleur ouvrage fut encore sa fille, à l’éducation de laquelle elle se consacra entièrement, et qui la surpassa par le talent.
Sa réputation était fort grande et resta toujours sans tache. Colletet a dit d’elle : « Prononcer son nom, c’était non seulement prononcer un nom vertueux, mais le nom de la vertu. »
Si l’on voulait différencier la mère et la fille, on pourrait dire que Madeleine était plus tendre et plus touchante, Catherine plus contenue. Les vers pleins d’émotion et de charme dans les œuvres de la mère ne manquent pas ; elle vise aussi quelquefois à la philosophie. L’œuvre de Catherine est plus importante et témoigne d’une plus grande habileté poétique. Elle avait vraiment un talent charmant et on peut citer d’elle de beaux sonnets dans lesquels la chute n’est jamais négligée. Il faut regretter que son œuvre soit par trop oubliée.