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Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/86

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De roses et de vin garnit toujours sa table.
Et verse incessamment les roses près le vin,
Versant aussi le vin près les roses sans fin.
De roses l’amoureuse embaumera son coffre,
Lorsque de son ami le linge blanc encoffre !
Quand le jour adviendra de mon dernier vouloir,
Je veux par testament expressément avoir
Mille rosiers plantés près de ma sépulture,
Afin que, grandissant, ils soient ma couverture.
Puis l’on mettra ces vers, engravés du pinceau
En grosses lettres d’or, par dessus mon tombeau.
« Celle qui gît ici, sous cette froide cendre.
Toute sa vie aima la rose fraîche et tendre ;
Et l’aima tellement qu’après que le trépas
L’eût poussée à son gré aux ondes de là-bas,
Voulut que son cercueil fut entouré de roses
Comme ce qu’elle aimait par-dessus toutes choses. »

SONNET

L’un chantera de Mars la force et le courage,
L’autre loûra les rois, les princes, les seigneurs,
Et l’autre entonnera de Vénus les honneurs,
Son œil, son ris, ses traits et son gentil corsage.

L’un voudra s’égayer, orné d’un beau ramage ;
Sus, un hymne mondain qui, de sa voix, les cœurs
Des hommes va charmant ; l’autre dira des mœurs.
L’un à mépris aura la loi de mariage ;

L’autre, d’un vers doré des célestes flambeaux,
Qui de Mars, qui des rois, qui des humides eaux.
Qui d’Amour, qui des cieux, qui dira de sagesse :

Quant à moi, je ne veux désormais que mes vers
Chantent, sinon le los de Dieu par l’univers,
Lui offrent tout le fruit de ma tendre jeunesse.

CHANSON

D’où vient cela. Marie, ô vous ma douce vie,
Mon amour, doux amer, que vous êtes marrie
De m’appeler mari ? Ah ! que je suis marri
De n’être de Marie aux beaux yeux le mari !