Nous ne connaissons pas la date de naissance de celle que ses contemporains appelaient la « belle religieuse » et qui nous a laissé des poésies pieuses estimables.
Tout ce que nous savons c’est qu’elle était issue de parents nobles et riches, dans le comté d’Eu, en Normandie. Élevée dans l’étude des belles-lettres et dans la piété, elle se fit religieuse, et entra au monastère de l’ordre de St-Dominique de Poissy. L’austérité du cloître ne l’empêcha pas de conserver des relations avec différents poètes qu’elle avait eu l’occasion de connaître et c’est ainsi que Gilles Durant, Ronsard, Dorat et Scévole de Sainte-Marthe ont célébré dans leurs ouvrages la belle nonne, qui parlait avec facilité le grec et le latin, et qui ne croyait pas la piété incompatible avec la poésie.
Durant le « colloque de Poissy », assemblée d’évèques et de docteurs qui se tint en 1561 pour régler diverses questions d’ordre canonique, Anne des Marquets composa plusieurs prières et devises en vers sous forme d’hommages adressés aux représentants les plus marquants du catholicisme. Le tout fut imprimé à Paris sous le titre de Sonnets et devises (1562) et dédié au cardinal de Lorraine.
Anne des Marquets traduisit encore les œuvres sacrées de Flaminio qui se faisait appeler Marcus Antonius Flaminius. Cette traduction en vers fut publiée en 1569 et offerte avec quelques poésies à Marguerite, sœur de Charles IX. (Poésies pieuses et Épigrammes de Flaminio, avec le texte latin en regard, Paris, 1569 in-8o).
Elle atteignit un âge avancé, mais elle perdit la vue deux ans avant sa mort qui eut lieu en 1588, le 11 mai. En mourant, elle laissa à la sœur Marie de Fortia, religieuse du même couvent, trois cent quatre-vingts Sonnets Spirituels ayant trait aux dimanches et aux principales fêtes des l’année. Ces sonnets furent imprimés en 1605, à Paris, avec préface de Marie de Fortia.
Les poésies d’Anne se distinguent naturellement par la piété, mais elles n’ont rien de mystique, ni dans la pensée, ni dans le style. Ses sonnets en particulier, sont habilement conduits, d’un dessein bien arrêté et la pensée, toujours simple, est, çà et là, relevée par quelques imagos heureuses
Quand un pauvre captif accablé de tourment,
Entend dire pour vrai qu’un roi plein de clémence
Viendra de liberté lui donner jouissance,
que cette venue il désire ardemment !