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Ainsi ce genre humain sachant assurément
Que le grand roi du ciel prenant notre substance
Le viendrait délivrer de misère et souffrance,
Sans cesse désirait ce saint avancement.

C’est pourquoi si souvent les bons anciens pères
Criaient : Viens, Seigneur, viens, ne tarde plus guère,
Viens racheter ton peuple et l’ôter de prison.

Hé ! plut à ta bonté que les cieux tu rompisses.
Forcé d’extrême amour, et que tu descendisses !
Car ta présence donne à tous maux guérison.


II


Afin que le Soigneur nous soit doux et propice
Alors qu’il nous viendra pousser au dernier port,
Ayons toujours en main pour conduite et support,
Avec l’ardente foi, les œuvres de justice.

Hé ! qui pourrait penser le tourment, le supplice,
L’angoisse, la frayeur, le regret et remord.
Qu’ont ceux qui, se voyant accablés de la mort.
Sont vides de vertus et remplis de tout vice ?

Las ! nous n´emportons rien que les biens ou méfaits
Dont la vie ou la mort pour jamais nous demeure.
Tous ces biens donc qu’alors nous voudrions [1] avoir faits,
Pour n’être point surpris, faisons-les dès cette heurt.
Et ne nous promettons jamais de lendemain.
Car tel vit aujourd’hui qui sera mort demain.


II


O fleur d’infini prix, chaste virginité,
D’être trop téméraire on me pourrait rependre.
Si par mes humbles vers je voulais entreprendre
De célébrer ton los, ta gloire et dignité :

Vu que celui qui règne en toute éternité.
Que la terre et les cieux ne surent onc comprendre.


  1. Deux syllabes.