Il nous faut donc tâcher, imitant la saison,
De produire un bon fruit, jeûne, aumône, oraison,
Et ramollir nos cœurs jettant larmes non feintes,
Ressusciter en Dieu, son saint los resonner.
Et des célestes fleurs de vertu nous orner,
Vu que Dieu fait sur nous luire ses grâces saintes.
Voici ores ton roi, ô fille de Sion,
Qui te vient visiter en grand’mansuétude.
Pour bientôt t’affranchir de toute servitude.
Et te donner salut, grâce et rémission.
Ce bon prince est assis sur l’ânesse et l’ânon,
Ayant autour de soi une grand’multitude,
Qui, pour mieux honorer sa haute celsitude[1],
Le bénit, le caresse et célèbre son nom.
L’appelant de David la semence et la face,
Et faisant tel devoir que les lieux où il passe
Sont tapissés d’habits et de beaux rameaux verts :
Puis les voix jusqu’aux cieux par louange résonnent.
Dont les princes des Juifs on murmurant s’étonnent :
Car toujours un bon couvre est blâmé des pervers.
Lève-toi promptement, m’amour. ma toute belle.
Disait Dieu à la Vierge en ses divins écrits,
Je suis de ta beauté divinement épris.
Hâte-toi de venir, ma douce colombelle.
La terre reverdit et prend robe nouvelle,
Produisant maintes fleurs de valeur et de prix ;
Jà la pluie et hiver ennuyant les esprits
Sont passés, et voici le temps qui renouvelle
- ↑ Comme Sa hauteur.