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IV

Les jours me sont si doux en ce beau lieu champêtre,
Voyant d’un fer tranchant fendre le long guéret,
Et enterrer le blé jaunissant, pur, et net.
Puis le voir tôt après tout verdoyant renaître.

Mon Dieu le grand plaisir de voir sur l’herbe paître.
La frisée brebis portant son agnelet.
Et le cornu bélier qui marche tout seulet,
Au devant du troupeau, comme patron et maître.

L’air est délicieux sans pluies, ni chaleurs,
Un petit vent mollet fait ondoyer les fleurs.
Les bois portent encor leur superbe couronne.

L’on n’oit point la rumeur d’un vulgaire babil,
Sinon des oiselets le ramage gentil :
Loué soit l’éternel qui tous ces biens nous donne.


V


Éternel fils de Dieu, gloire de tous les anges,
Lumière du pécheur, force de l’oppressé.
Toi qui es le plus grand t’es le plus abaissé,
Tournant seul le pressoir des cruelles vendanges.

En criant hautement ta faible voix tu changes.
Disant : mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu laissé ?
Tous les flots du torrent sur ton chef ont passé,
Le père t’a frappé pour nos péchés étranges.

Tu ne te plaignais pas de ce que tu souffrois
Le supplice mortel aux branches de la croix.
C’est pour moi que tu lis une plainte si haute :


Pour me mettre en crédit tu t’es fait oublier.
Pour rompre nos liens tu t’es voulu lier,
tu verses ton sang pour en laver ma faute.


VI


Dieu a tout fait par temps, par nombre, et par mesure,
Lui-meme est le niveau, la règle, et le compas :