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Celui qui sur son sein la presse, quel est-il ?
Jusqu’où monteront-ils ensemble
À travers les parfums, à travers l’air subtil ?
Psyché s’agite, Psyché tremble
Comme la fleur nouvelle au souffle chaud d’avril.
Celui qui sur son cœur la presse, quel est-il ?

Dans cette lointaine envolée
Son jeune esprit pressent tout un monde nouveau ;
Parmi les clairs rayons de la nuit étoilée
La grâce de l’Amour pleinement révélée
Pour la première fois a ravi son cerveau,
Dans cette lointaine envolée

Psyché, dont la candeur est souveraine encor,
Croit voir en celui qui la guide
Un jeune chérubin aux larges ailes d’or ;
Et l’Amour, d’un essor rapide,
Entraîne jusqu’au ciel fluide
Psyché, dont la candeur est souveraine encor.



Ils se sont arrêtés au milieu d’un nuage
Et l’Amour s’est penché,
D’une caresse ardente effleurant le visage
De Psyché.
La vierge a tressailli : — Ce n’est donc pas un frère
Cet enfant
Aux larges ailes d’or, qui dans une autre sphère
L’emporta triomphant ?

Et son esprit errant flotte dans une extase ;
Et ses sens,
Reconnaissant enfin l’Amour qui les embrase,
S’éveillent tout-puissants.
Ses yeux se sont fermés, tandis qu’une harmonie
De frissons et d’accords
Pénètre doucement l’innocence infinie
De son corps.

Les visions du rêve ont maintenant fait place
À l’éblouissement.