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AMATA

Dis, que veux-tu de moi qui t’aime, ô mon souci !
Et comment retenir ton caprice de femme ?
Prends mes anneaux… Prends mes colliers… Et prends aussi
Ce que j’ai de plus rare et de plus beau : mon âme.

Si mon très grand désir t’importune, ce soir
Je me refuserai la douceur de ta couche
Et dissimulerai mon pesant désespoir
Car je ne veux que le sourire de ta bouche.

Ton vouloir est mon vœu, mon désir et ma loi.
Et si quelque étrangère apparaît plus aimable
A tes regards changeants, prends-là, réjouis-toi !
Moi-même dresserai le lit doux et la table…

O toi que je verrai dans les yeux de la mort !
Que ne peux-tu me demander, à moi qui t’aime ?
Je mets entre tes doigts insouciants mon sort,
O toi, douceur finale, ô toi, douleur suprême !


VÊTUE
I


Ta robe participe à ton être enchanté,
O ma très chère !… Elle est un peu de ta beauté.

La respirer, c’est ton odeur que l’on dérobe.
Ton cœur intime vit dans les plis de ta robe.

L’odeur de nos baisers anciens est dans ses plis…
Elle se ressouvient de nos divins oublis.

En mon être secret je suis presque jalouse
De l’étoffe qui suit ton corps et qui l’épouse.