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MARGUERITE COPPIN




Née à Bruxelles en 1867, Mlle  Marguerite Coppin vit à Bruges ; elle est professeur libre. Conférencière, elle s’est fait applaudir en Hollande et en Belgique. Mlle  Marguerite Coppin est l’auteur de quatre volumes de prose, romans et contes, et de trois recueils de poésies.

A mon sens, l’originalité de Mlle  Coppin réside dans les sentiments qu’elle exprime en ses vers. Elle n’est pas très artiste, en effet, sa forme manque de souplesse et, aussi, de goût et de sûreté. Elle écrira, par exemple, des vers comme celui-ci :

De sa mère qui lutte avec ténèbre et flamme !

Il me semble qu’on lutte avec courage et avec ou contre les ténèbres et les flammes.

Il est regrettable qu’elle n’apporte pas un plus grand souci artistique à ce qu’elle écrit. Les beaux vers sont légion dans son œuvre ; il y en aurait davantage si elle se montrait plus attentive à se corriger.

Ceci dit, il faut s’empresser de reconnaître chez Mlle  Marguerite Coppin un don très réel d’émotion : elle est sincère et elle sent profondément. C’est une âme noble, un esprit sain, un cœur rempli de tendresse. Elle intitule un de ses livres : Poèmes de la femme, et c’est bien, en effet, l’expression de vrais sentiments féminins que l’on trouve dans ces poèmes. Par ces temps de féminisme aigu, Mlle  Coppin a la lâche audace d’être satisfaite du rôle que l’homme force la femme à jouer dans la Société (style féministe !) Être la compagne, la consolatrice, l’inspiratrice et l’appui de l’homme aimé, — elle n’aspire pas pour son sexe à une plus belle tâche. Les « ni épouses ni mères » doivent professer un bien grand mépris pour cette simple femme. Pour moi, je lui suis infiniment reconnaissant d’avoir écrit telle pièce : Notre tâche, — d’où j’extrais ces vers :

Si vous avez été sa force, son bonheur,
Que pouvez-vous encor demander à la vie ;
Et sauriez-vous pleurer, vous dont la voix ravie
S’est mêlée à son rire ému parti du cœur.
La tâche de la femme est d’aimer, simplement.
C’est la plus magnifique — et la plus difficile ;
— Et l’on peut résumer, sans rhétorique habile,
Sa vie en ces deux mots si doux : aimée aimant.

Penser cela, écrire cela — c’est très courageux et très original… à force d’être contraire aux révoltes bruyantes et prolixes de tant de femmes assoiffées d’une liberté illusoire.

Au reste, tout son bonheur, Mlle  Coppin le place dans l’amour. Elle a une pitié profonde

Pour les pauvres gens qui n’ont pas d’amour !