Page:Sée - Les Origines du capitalisme moderne.djvu/158

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La grande industrie métallurgique semblait devoir trouver en Grande-Bretagne son champ d’élection, puis. que la houille et le minerai de fer se rencontrent presque toujours dans les mêmes régions, et à proximité de la mer. L’on ne saurait nier que les mines de houille, en 1815, ont déjà un grand développement : le nombre des ouvriers s’y est accru dans de fortes proportions ; les « pompes à vapeur » s’y sont multipliées ; mais les conditions du travail n’ont pas profondément changé, et, dans les entreprises minières, la concentration capitaliste ne s’est pas effectuée autant qu’on aurait pu le croire. À considérer la métallurgie, on constate l’accroissement des hauts fourneaux et de leur rendement mais la grande industrie n’a pas triomphé partout la fabrication des menus objets (quincaillerie, bimbeloterie) se fait encore dans de petits ateliers[1].

L’évolution est-elle plus marquée dans l’industrie textile ? Il faut mettre à part la fabrication cotonnière. En 1815, la plupart des filatures de coton sont des établissements concentrés, dans lesquels le machinisme a triomphé. Mais le tissage du coton se fait surtout dans de petits ateliers, en chambre : les hand loom weawers se sont partout maintenus, malgré l’invention de la machine de Cartwright, qui date de 1785 ; c’est qu’ils consentent à recevoir de bas salaires. L’industrie se trouve toujours aux mains de marchands-entrepreneurs, comme au siècle précédent. L’évolution ne fait encore que se dessiner dans la fabrication de la toile irlandaise. En ce qui concerne l’industrie drapière, les machines commencent à pénétrer dans le Sud- Ouest ; mais partout ailleurs, même pour la filature, c’est l’industrie domestique qui prédomine. En 1806, sur 466 000 pièces de drap fabriquées dans le Yorkshire, 8 000 seulement

  1. Voy. Élie Halévy, Histoire du peuple anglais au XIXe siècle, t, 1, p. 242 et suiv.