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proviennent des usines. Dans la bonneterie, l’évolution est encore moins avancée[1].

Il est vrai que l’organisation du crédit est supérieure à ce qu’elle est partout ailleurs. Les banques provinciales (country banks) sont nombreuses ; on en compte plus de 750 ; mais ce sont pour la plupart des banques « privées » ou qui se trouvent aux mains de très petites sociétés. La concentration financière ne se manifeste que dans la Banque d’Angleterre. L’industrie ne trouve donc pas tout le crédit dont elle aurait besoin ; aux époques de crises, elle éprouve de sérieux embarras financiers, et d’autant plus qu’en 1815 le change est défavorable, par suite de l’inflation fiduciaire[2].

Cependant, voici un signe du progrès de l’organisation nouvelle ; c’est le triomphe législatif de la liberté industrielle, du freedom of contract, qui se marque par l’abrogation, en 1813, du statut qui reconnaissait aux juges de paix le droit de fixer les salaires, et, en 1814, par l’abrogation des règlements sur l’apprentissage.

C’est dans la période de 1815 à 1850 que la grande industrie capitaliste triomphe vraiment en Angleterre. Dans la fabrication cotonnière, la concentration et le machinisme font les plus grands progrès, et la production s’accroît dans les plus fortes proportions ; n’oublions pas, en effet, que les cotonnades constituent la moitié des exportations de l’Angleterre. L’industrie de la toile elle-même est gagnée par la concentration et le machinisme[3]. La métallurgie se transforme aussi dans le même sens. C’est seulement dans la fabrication drapière que les formes anciennes survivent, malgré les notables progrès du machinisme. Puis, surtout après 1836, la construction, en quelque sore fiévreuse, d’un

  1. Ibid., p. 258 et suiv.
  2. Ibid., p. 319 et suiv.
  3. Voy. Conrad Gill, The irish linen industry, 1925.