Page:Sée - Les Origines du capitalisme moderne.djvu/201

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à priori, de tout parti-pris politique et social, que l’on peut se faire une idée plus juste, à la fois, des origines du capitalisme moderne et du caractère véritable de l’organisation économique et sociale qu’il a déterminée, et qui se manifeste maintenant dans son plein épanouissement.

L’étude des faits nous montre notamment que la conscience de classe, chez les ouvriers, tic s’est pas manifestée d’une façon aussi brusque qu’on l’a souvent prétendu, qu’elle ne procède pas uniquement de transformations économiques, qu’il faut ici tenir compte de l’influence des idées.


V


Il est une autre série de questions, que nous n’avons pu qu’effleurer : quelle a pu être l’action du capitalisme naissant sur d’autres phénomènes, d’ordre politique, intellectuel, religieux, et quelle a pu être la réaction de ceux-ci sur la nouvelle forme d’organisation économique ?

La première poussée du capitalisme, telle qu’elle se manifeste au moyen-âge, notamment en Italie et aux Pays-Bas, a contribué à dissoudre les anciennes puissances féodales ; on le voit assez nettement dans les républiques italiennes et notamment à Florence. Nous avons constaté aussi que les progrès des États princiers et monarchistes ont singulièrement contribué, dès le début des temps modernes, à la formation de grandes puissances financières, dont les Fugger sont le type le plus frappant. Les emprunts contractés par les souverains ont accru, dans de fortes proportions, le commerce d’argent et la spéculation. D’autre part, les monarchies absolues, en créant de puissants États unifiés sur les débris des puissances féodales, ont élargi le champ d’action des forces commerciales et financières.

Si le capitalisme (plus encore peut-être pendant la