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des grands centres de production, comme les foires flamandes. Leur déclin sera déterminé, par les progrès de la poste, l’amélioration des routes, l’établissement d’une sérieuse police, l’accroissement des grands centres urbains. Elles seront peu à peu, on le verra, remplacées par les bourses, dont les progrès coïncideront avec ceux du commerce permanent[1].

Au Moyen âge, le développement économique de la France, tout au moins des régions qui composent alors le royaume, est beaucoup moins précoce que celui des villes italiennes et des Pays-Bas ; aussi l’industrie et le commerce sont-ils presque entièrement entre les mains d’artisans et de marchands, qui ne disposent que de ressources très limitées, qui ne sont, en aucune façon, des capitalistes. Cependant, peu à peu on voit se former une catégorie de marchands en gros, qui commencent à se différencier des gens de métier. C’est chez eux, et notamment chez les merciers, qu’on trouve les premières accumulations de capitaux. Un curieux règlement du XVe siècle, relatif aux prérogatives du « roi des merciers », nous montre la variété de marchandises que vendent les merciers et la prédominance économique qu’ils exercent sur nombre de métiers. Rien d’étonnant, par conséquent, qu’un privilège royal de 1413 affranchisse les merciers de l’inspection des jurés des métiers.

Toutefois, le grand commerce maritime, — l’une des grandes sources du capitalisme —, n’apparaît vraiment que dans des régions qui aujourd’hui font partie intégrante de la France, mais qui ne seront réunies au royaume que dans la seconde moitié du XVe siècle. C’est ainsi qu’à la suite des croisades, aux XIIe et XIIIe siècles, les Provençaux font un actif commerce avec nombre de ports du Levant. Bordeaux entretient aussi

  1. P. Huvelin, Histoire du droit des marchés et des foires ; André Allix, Les foires, étude géographique (La Géographie, 1923).