Page:Sée - Les Origines du capitalisme moderne.djvu/25

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d’étroites relations commerciales avec l’Angleterre, à laquelle la Guyenne fut soumise jusqu’au milieu du XVe siècle. Les armateurs de Bayonne, dès 1213, forment une société d’assistance mutuelle et de partage de bénéfices. C’est à Marseille qu’on trouve d’assez nombreux exemples de sociétés en commandite, dès le XIIIe siècle. Mais, dans le royaume même, on ne voit guère apparaître d’importantes guildes marchandes, comme en ont connu les Pays-Bas ; on ne peut guère citer que les « marchands fréquentant la rivière de Loire ».

D’ailleurs, n’oublions pas que toute l’expansion économique du royaume de France fut entravée, paralysée par les ravages de la terrible guerre de Cent Ans. C’est seulement au lendemain de cette guerre, c’est-à-dire dans la seconde moitié, du XVe siècle, que les relations commerciales se développent à nouveau, comme le montre la création de nombreuses foires, que la richesse mobilière prend vraiment de l’extension.

Louis XI, beaucoup plus encore que ses prédécesseurs, s’efforce de favoriser le développement du commerce, d’introduire en France des industries de luxe. Il obéit déjà à une conception « mercantiliste », car il considère que l’achat d’étoffes précieuses à l’étranger diminue le stock monétaire du royaume ; c’est la raison essentielle pour laquelle il tenta d’implanter l’industrie de la soie à Lyon, malgré la répugnance des habitants, qui firent échouer son projet, puis à Tours, où elle prospéra dès son règne. On voit déjà que la grande industrie, en France, pendant longtemps, ne produira guère que des objets de luxe, qu’elle devra son existence à l’initiative et aux encouragements de l’État. C’est un fait significatif que Louis XI ait voulu créer une grande compagnie de commerce privilégiée, une « Compagnie du Levant », annonçant ainsi les créations de Colbert. En France, la formation du capitalisme commercial sera, en