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gers[1]. Londres sans doute ne possède pas l’organisation financière d’Anvers ou de Lyon, mais cette place, grâce à ses transactions commerciales, se trouve en relations directes avec les grands marchés de l’étranger, surtout avec Anvers, Hambourg, Lyon et Rouen.

Les changes internationaux rapportent de grands profits et donnent lieu à une active spéculation. On ne saurait les confondre avec le change des monnaies, car, en eux, il entre deux autres éléments : le taux de l’intérêt et la variation journalière des changes.

Comme le montre un écrivain contemporain d’Henri VIII, Thomas Gresham, bien des marchands, enrichis par le commerce du drap, trouvent plus avantageux de se livrer à des spéculations sur les changes que de continuer leur ancien négoce ; ils trafiquent surtout sur le marché d’Anvers, et, sans grands risques, leurs opérations leur rapportent souvent du 16 %. Voilà un exemple frappant des liens qui existent entre les transactions commerciales et les opérations bancaires au XVIe siècle.


7. Le prêt à intérêt : la doctrine de l’Église et les pratiques nouvelles. — On comprend donc qu’en Angleterre, comme dans toute l’Europe occidentale, se pose la question si importante du prêt à intérêt et de la valeur d’échange de l’argent.

La doctrine canonique, qui réprouve le prêt à intérêt, règne en maîtresse au Moyen âge. Cependant si, à cette époque comme dans l’antiquité, on ne conçoit le placement de l’argent que sous forme d’usure, on finit par admettre que le prêt peut être légitime, lorsqu’il s’agit d’une commandite, qui comporte des risques et un dédommagement. L’Église distingue les prêts stériles

  1. Voy. Th. Wilson, A discourse upon usury (1572), édit. Tawney, Introduction, Londres, 1925.