France que Colbert institue si fortement soit système protecteur, qu’il lutte avec tant d’acharnement contre la prépondérance commerciale de la Hollande, qu’il s’applique avec tant d’énergie et de persévérance à créer des manufactures[1]. Il le dit avec une parfaite netteté[2] :
« Les manufactures produiront des retours en argent, ce qui est le seul but du commerce et le seul moyen d’augmenter la grandeur et la puissance de l’État. »
L’Angleterre avait d’ailleurs devancé la France, car ses Actes de navigation, de 1651 et de 1660, sont bien antérieurs aux fameux tarifs protecteurs de 1664 et de 1667. Colbert non plus n’a pas été le seul à vouloir faire diminuer le prix de la main- d’œuvre. En Angleterre comme en France, on s’efforce de faire baisser le taux de l’intérêt.
C’est que l’afflux du numéraire est considéré partout, non seulement comme une source de prospérité pour les particuliers, mais comme la condition essentielle de la puissance de l’État. L’Anglais Thomas Mun, dans sort England’s treasure by foreign trade, publié en 1664, déclare que c’est aux trésors des Indes qu’il faut attribuer la puissance énorme des rois d’Espagne et de la maison d’Autriche ; Colbert ne pense pas autrement[3].
Cette conception mercantiliste, qui sera si vivement combattue au XVIIIe siècle par l’école libérale, avait, il faut bien le reconnaître, sa raison d’être au moment où le capitalisme commercial et financier en était encore à sa période adolescente, où les échanges commerciaux
- ↑ Voy. H. Sée, Que faut-il penser de l’œuvre économique de Colbert ? (Revue historique, an. 1926) ; Auguste Deschamps, Le métallisme et la politique mercantile (Revue d’Histoire économique, an. 1920, p. 7 et suiv.).
- ↑ Lettres, instructions et mémoires de Colbert, publ. par Pierre Clément, t. II, p. 268.
- ↑ Colbert, Mémoires sur les affaires de France, publié par P. Clément, Histoire de la vie et de l’administration de Colbert, p. 427.