Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/125

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assez bonne, assez complaisante ; ce n’est pas sa faute s’il ne peut pas m’aimer. Tu sais, Jacques, qu’on n’aime pas qui on veut ni quand on veut. N’y pense pas ; je suis fâchée que Rame t’ait dit cela. »

Jacques hocha la tête et lui demanda l’histoire des pieds de Rame mangés par les écrevisses. Geneviève lui raconta ce qui s’était passé à cette occasion, mais en cherchant à ne pas donner mauvaise opinion de Georges.

« Je comprends, dit Jacques, et je devine ce que tu ne me dis pas. Je voyais bien que Georges se moquait de Rame et je ne comprenais pas pourquoi ; je vois à présent, je comprends. N’en parlons plus et tâchons d’être bien aimables, pour l’obliger à nous aimer.

Geneviève.

Je ferai ce que je pourrai, Jacques, je t’assure ; j’écouterai tes conseils, car je vois que tu es bon. »

En attendant Louis et Hélène, qui n’arrivaient pas, ils allèrent au potager et rejoignirent Georges qui avait la bouche remplie par un gros abricot, et le menton et les joues barbouillés par le jus ; c’était le quatrième qu’il mangeait, et il n’avait pas choisi les plus petits. Il n’y eut aucune querelle, aucune discussion. M. Dormère vint les joindre, et ils firent une bonne promenade dans les bois.

L’heure du déjeuner était arrivée ; voyant que leurs amis ne venaient décidément pas, ils rentrèrent et se mirent à table. Le déjeuner était bon et copieux ; les enfants mangèrent comme des affamés, à l’exception de Georges, que ses quatre abricots