Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/293

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Georges.

Arrêtez, mon père ; ne parlez pas ainsi de la créature la plus parfaite que la terre ait portée. Qui vous dit qu’elle soit une folle et une sotte ? Ne voyez-vous pas qu’en vous taisant le nom du voleur, elle veut sauver quelqu’un qu’elle aime ? Qui vous dit que ce quelqu’un n’est pas Pélagie, à laquelle elle croit devoir une grande reconnaissance ?

— Pélagie ! s’écria M. Dormère. Tu l’as trouvé ! Voilà le mystère ! Oh ! Georges, mon ami, de quel poids tu me délivres ! Pélagie,… c’est cela ; tout est expliqué. Pauvre généreuse enfant, comme je l’ai fait souffrir ! Épouse-la, mon ami ; je suis heureux que tu l’aimes, tu sais que c’était mon plus vif désir… Mais tu ne sais pas qu’elle est très malade, en danger même, à ce que dit le médecin.

Georges.

En danger ? Ah ! mon père, qu’avez-vous fait ! »

M. Dormère se cacha la figure dans ses mains. Et Georges fut consterné, non du danger de Geneviève, mais de la crainte de perdre ses quatre-vingt mille livres de rente.

Georges questionna son père sur ce que lui avait dit le médecin. M. Dormère lui répéta mot pour mot les paroles de M. Bourdon ; chacune d’elles s’était gravée dans son souvenir et avait éveillé les remords… et le doute.

Georges.

Vous voyez, mon père, combien votre accusation était injuste et cruelle.