Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/314

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combien nous lui sommes tous attachés ; elle est si bonne, si douce, si aimable ! Ces dames ont été très généreuses ; elles ont largement payé des services que nous étions trop heureux de leur rendre. »

Julien aurait pu parler longtemps encore sans que M. Dormère ni Georges songeassent à l’interrompre ; ils étaient atterrés par ce départ si imprévu. M. Dormère avait sincèrement désiré voir sa nièce, pour lui exprimer son chagrin de son injuste accusation et du mal qu’il lui avait fait. Georges voyait la fortune de Geneviève lui échapper définitivement. Malgré la lettre si froidement méprisante qu’il en avait reçue la veille, il espérait encore la ramener à lui et la forcer à l’épouser avec l’aide de son père. Quand Julien fut sorti, ce fut Georges qui parla le premier.

« C’est un tour de la cousine Primerose, dit-il avec emportement. Vous ne pouvez pas supporter cela, mon père. Comme tuteur vous avez le droit de garder votre pupille, et vous devez en user.

M. Dormère.

Tu oublies, Georges, qu’elle a dix-huit ans ; et que j’ai perdu mes droits par l’abandon que j’en ai fait à ma cousine Primerose, ensuite par l’injure que je viens de lui faire au moment de cette scène. Elle a un subrogé tuteur auquel elle s’adresserait pour m’échapper ; et toute cette affaire serait naturellement portée devant les tribunaux. Rappelle-toi aussi que Mlle Primerose est là, qu’elle nous hait et qu’elle pousserait les choses de toute la puissance de sa haine. Elle ne pardonne pas, celle-là.