Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/324

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Rame, se fâchant.

Moi pas pie, moi pas Azéma, moi Ramoramor, grand chef avec habit rouge plein d’or. »

Mlle Primerose partit encore d’un éclat de rire. Geneviève rit aussi, pour la première fois depuis sa maladie. Jacques, en la voyant rire, se laissa aller à un accès de gaieté. Rame, joignant les mains, s’écria en sautant et en pirouettant :

« Petite Maîtresse rire, petite Maîtresse contente ! Moussu Jacques, petite Maîtresse rire ! Première fois, bon Moussu Jacques. Moi heureux ! Hourra, Moussu Jacques !

Geneviève, riant toujours.

Tais-toi donc, mon bon Rame ; tu vas faire monter les sergents de ville. »

Et Geneviève continua son bon rire frais et gai.

Rame.

Chère, chère, jolie Maîtresse ! Vous toujours rire ; moi apporter bouillon et poulet. »

Mlle Primerose se pâmait. Rame sortit en courant et ne tarda pas à revenir accompagné de Pélagie qui venait dire bonjour à Jacques ; elle lui demanda la permission de lui serrer la main à quoi Jacques consentit avec son amabilité accoutumée.

Le déjeuner s’était annoncé triste d’abord ; il fut gai et agréable à tous. Rame ne quittait pas des yeux sa maîtresse, qui mangeait de bon appétit, qui causait et qui souriait souvent. De temps en temps Rame se frottait les mains, riait tout bas et marmottait :