Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/353

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Geneviève.

Et je n’aurais jamais consenti à vivre pour un autre que toi, mon ami ; cette vive affection devait rester dans l’avenir ce qu’elle a été jusqu’ici, concentrée sur toi seul. »

Il ne fut plus question de portrait ce jour-là ; ils avaient devant eux trois ou quatre heures de liberté pour causer plus confidentiellement encore de leur avenir si heureusement décidé. Ils convinrent qu’ils ne déclareraient pas leur mariage avant que l’affaire de Rome fût résolue.

« Il y aura, dit Jacques, de durs moments à passer ; nous combattrons jusqu’à ce que Dieu nous rappelle tous à lui, ou bien jusqu’à l’anéantissement de ses ennemis, qui amènera la délivrance du Saint-Père et de Rome. Tu prieras pour nous, ma Geneviève…

Geneviève, tristement.

Pour toi surtout, Jacques, afin que le bon Dieu te préserve dans les terribles combats que tu auras à soutenir pour sa cause. »

Jacques, voyant Geneviève attristée, chercha à détourner ses pensées de dessus cette lugubre perspective ; il lui parla du petit séjour qu’il comptait faire chez ses parents, de leur consentement assuré à son mariage.

Geneviève.

Ton père dit toujours pourtant qu’il ne veut pas que tu te maries trop jeune, et tu n’as que vingt-trois ans ; c’est bien jeune pour un homme.