Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/89

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que tu ne cesses de tourmenter, et de parler à ce brave homme, que tu insultes par tes paroles et tes gestes dédaigneux. Tu me causes beaucoup de chagrin, mon pauvre Georges ; Dieu veuille que le collège te change ! Maintenant, suis-moi. »

M. Dormère s’éloigna tristement avec Georges tout confus. Quand ils furent loin, le nègre dit :

« Moussu Dormère, pas mauvais. A fait bien, a dit bien avec moussu Georges ; a fait mal avec petite maîtresse.

Geneviève.

Comment cela, mon bon Rame ? En quoi a-t-il fait mal ?

Rame.

Mam’selle pleurait ; devait embrasser petite mam’selle, comme Rame embrasse. Moussu Dormère parti sans regarder, sans consoler. Pas bien ça, pas bien, pas aimer petite mam’selle. »

Et il hochait la tête d’un air mécontent.

Geneviève.

Ce n’est pas sa faute, mon pauvre Rame : je ne suis pas sa fille.

Rame, attendri.

Mam’selle pas fille à Rame, et Rame l’aimer fort, tant que lui avoir cœur. Rame mourir pour petite maîtresse.

Geneviève.

Mon bon Rame, comme je t’aime aussi ! »

Rame ramena Geneviève à Pélagie et ils repartirent tous les trois pour la pêche aux écrevisses, après avoir fait un paquet de tout ce qu’il fallait