Page:Ségur - Comédies et proverbes.djvu/146

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Antonin.

Bravo, Sidonie ! C’est bien dit ! De même pour les habits, les chaussures des maîtres ; ils en ont dix fois plus qu’ils ne peuvent porter. Le grand mal quand il en disparaîtrait quelques-uns !

Sidonie.

Et les bouts de dentelles, d’étoffe, les gants, les robes de rebut, est-ce qu’elles savent seulement ce qu’elles en ont ! Quand on en prendrait ce qui peut encore nous servir, le grand malheur !

Justine.

Mais si Madame le demande ?

Sidonie.

On cherche, on ne trouve pas ; on pense que Madame l’a donné ; et puis, au besoin, on dit que les enfants touchent à tout, farfouillent partout, prennent tout.

Jules.

C’est tout de même commode, les enfants ! On peut tout leur mettre sur le dos : le sucre, les friandises, les fruits, les crayons, le papier, les ciseaux, canifs, livres, aiguilles, épingles, pommade, tout enfin !

Antonin.

C’est qu’ils se défendent comme de beaux diables !

Sidonie.

Ah ! bah ! ils ont toujours le dessous ! On les agace, on les irrite en soutenant qu’on les a vus toucher, prendre, emporter, etc. Ils se fâchent, ils deviennent impertinents ; la maman les gronde et les fait taire, et on ne parle plus de rien.

Antonin.

Ah ! çà ! et le dîner ? Nous ne sommes pas ici seulement pour causer, mais aussi pour manger.