Page:Ségur - Comédies et proverbes.djvu/147

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Justine.

Gourmand ! Il ne pense qu’à manger, lui.

Antonin.

Je crois bien, quand c’est vous qui faites à manger. Voyons, Justine, qu’avons-nous à dîner ?

Justine.

Nous avons des huîtres, un potage aux œufs pochés, un gigot de chevreuil, une belle volaille, un homard en salade, des cardons à la moelle, une croûte aux champignons, un gâteau napolitain et une bavaroise au marasquin.

Jules.

Vive Justine et son dîner ! Sacs à papier ! ce n’est pas de la gargotte, cela.

Antonin.

Mais arriverez-vous à payer tout cela sans qu’il y paraisse ?

Justine.

On sait s’arranger, allez ! C’est le fruitier du coin et le marchand de volaille, gibier et marée, qui fournissent tout. Au lieu de se tuer à aller au marché, on va chez eux, on ne marchande pas, et on a comme ça tout ce qu’on veut, et sans payer, bien entendu.

Antonin.

C’est-à-dire, ce sont les maîtres qui payent.

Justine.

Qu’est-ce que cela leur fait ? Est-ce qu’ils le savent, seulement ? Pourquoi faut-il que je m’échine à courir au marché, à user mes chaussures, pour n’en avoir aucun profit et pour leur faire gagner de l’argent quand ils en regorgent ?