Page:Ségur - Comédies et proverbes.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Guillaume.

Je ne sais pas, madame ; c’est sa vieille Brigitte qui vient de m’apporter cette lettre.

Madame d’Atale.

Regarde donc ce qu’elle te dit.

Madame d’Ulsac, ouvrant la lettre, lit haut.

« Madame et cousine, permettez-moi de fuir une position fausse et pénible. Je ne puis voir, sans frémir d’indignation, les manières bourgeoises modernes, les allures excentriques et villageoises des petites demoiselles naguère confiées à mes soins. Je ne pourrais me taire, et on me défend de parler. Ne voulant pas, madame et cousine, gêner vos habitudes de moderne régime, ni vous imposer celles de mon noble et ancien régime, manières si justement appelées parfaites par l’aimable demoiselle Octavie (digne d’être initiée à la noble vie d’autrefois), je me résigne à vous informer de ma détermination irrévocable. Dans deux heures j’aurai quitté votre château pour n’y plus revenir. Mme d’Atale m’a trop clairement fait entendre que ma voix ne serait plus écoutée. Adieu, madame et cousine, veuillez agréer l’hommage respectueux de votre très humble et très obéissante servante,

« Clorinde d’Ipermont,
« Veuve d’Embrun.
« Château d’Ulsac, 1864, 20 août. »
Madame d’Ulsac.

C’est bizare, mais je n’en suis pas fâchée. Guillaume, voyez qu’on leur porte à déjeuner. La pauvre