Page:Ségur - Comédies et proverbes.djvu/241

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dans ? que je dis. Donne-moi de quoi bourrer — Bourre avec des copeaux de Valentin. » Et il part ; je cours après et je chante : « J’ai du bon tabac dans ma tabatière » pour qu’il m’en donne. Et puis nous sommes entrés chez vous, Monsieur Valentin, et vous avez entendu comme il m’a répondu : « J’ai du bon tabac, tu n’en auras pas. » Et je veux qu’il m’en donne, car c’était convenu ; c’est voler, ça !

Désiré, riant.

Bêta, va ! Voler, c’est prendre quelque chose ! Qu’est-ce que je t’ai pris ?

Lucien.

Et mon brûle-gueule donc ?

Désiré.

Pas vrai ; tu l’as dans ta poche !

Lucien.

Mais c’est toi qui t’en es servi ; et moi donc ?

Désiré, l’imitant.

Et moi, donc ? Tu t’en serviras quand tu auras du tabac.

Lucien.

Mais c’est toi qui as mon tabac !

Désiré.

Pas vrai ; le mien, c’est le mien ; je l’ai payé de ma poche. Demande à M. Denis, le débitant, il te le dira bien.

Valentin, qui a écouté avec attention.

Désiré, mon garçon, je comprends l’affaire ; tu fais une filouterie, ni plus ni moins. Tu as de l’esprit, je ne dis pas non ; tu as voulu faire une drôlerie, je le veux bien. Mais assez comme ça. Une convention est une convention. Donne-lui du tabac et que ça finisse : sans cela, tu filoutes.