Page:Ségur - Comédies et proverbes.djvu/352

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M. de Pontisse.

Malheureux !

Léonce.

Oh ! papa, pardonnez-moi ! Si vous saviez de quelle terreur, de quels remords j’ai été saisi quand j’ai vu Gudule précipitée au fond de ce malheureux puits ! Comme j’ai crié, comme j’ai demandé grâce au Bon Dieu !

M. de Pontisse.

Vous voyez, monsieur, ce que produisent vos mensonges ! Ne croyez pas que je les ignore tous. J’en connais assez pour avoir pris la ferme résolution de vous en punir et de vous séparer de votre sœur, qui rougit pour vous, qui souffre pour vous. Dans deux ou trois jours vous entrerez en pension, où l’on vous corrigera de cette funeste et honteuse habitude de mentir à tout propos.

Léonce, se jetant à genoux.

Grâce, papa, grâce ! Je ne mentirai plus, je vous le promets, je vous le jure. Jamais, jamais ! Croyez-moi cette fois seulement.

M. de Pontisse.

Et comment croirai-je un menteur qui se fait un plaisir de tromper tout le monde et que rien n’a pu corriger, ni remontrance, ni douceur, ni sévérité, ni honte ! et qui, enfin, eût été cause de la mort de sa sœur, si le courage intrépide d’un ami ne l’eût sauvée. (Léonce, toujours à genoux, se traîne, les mains jointes, aux pieds de son père, qui le repousse et veut sortir. Hector se jette au-devant de lui.)

Hector.

Monsieur, cher Monsieur, pardonnez-lui, faites-lui grâce ! Essayez, voyez s’il est corrigé. Son repentir paraît si sincère ! Gudule en sera si heureuse !