Page:Ségur - Comédies et proverbes.djvu/69

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Gizelle.

Non, ça m’ennuie ; vous ne jouez pas comme Blanche et Laurence.

M. Gerville, s’impatientant.

Ah ! çà ! tu nous ennuies avec ta Blanche et ta Laurence. Elles sont méchantes, elles te font du mal, et je ne veux pas que tu joues avec elles.

Gizelle.

C’est vous qui êtes méchants, ce n’est pas elles ; vous ne faites jamais rien ; elles me faisaient des robes, des chapeaux, des manteaux pour ma poupée ; elles jouaient tant que je voulais et à tous les jeux que je voulais ; elles étaient très bonnes, et je les veux.

Léontine.

Mais, ma petite chérie, c’est toi-même qui venais toujours te plaindre d’elles.

Gizelle.

Parce que j’étais en colère ; il ne fallait pas m’écouter.

M. Gerville.

Mais tu m’as dit que c’étaient elles qui avaient manqué te faire mourir en te forçant à manger une quantité énorme de gâteaux, de fruits, de crème.

Gizelle.

Non, elles ne m’ont pas forcée ; elles ne m’ont rien dit ; c’est moi qui ai menti ; et Pascal a voulu m’empêcher et je n’ai pas voulu ; Blanche et Laurence sont très bonnes, et je les veux ; et je pleurerai jusqu’à ce qu’elles viennent. (M. Gerville paraît consterné. Léontine cache son visage dans ses mains et pleure. Gizelle tape du pied.)