Page:Ségur - Comédies et proverbes.djvu/78

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mande instamment depuis trois jours qu’elle est séparée de vous. Restez avec elle ; vivez avec nous. Vous n’aurez à l’avenir à vous plaindre de personne.

Blanche.

Ma sœur… je ne sais… je crains…

Léontine.

Quoi ! que crains-tu ? Que Gizelle ne vous tourmente ? je l’en empêcherai. Qu’elle ne porte plainte contre vous ? je ne l’écouterai pas ; je vous le jure.

Laurence, bas à Pierre.

Pierre ! Blanche hésite, elle va faiblir ? Je t’en supplie, emmène-nous.

Pierre.

Léontine, tes supplications sont inutiles ; tes bonnes paroles viennent trop tard. Tu leur promets ce que tu ne pourras pas tenir ; ta faiblesse pour Gizelle l’emportera comme elle l’emporte à présent, dans ce moment même où tu sembles la dominer. Ce n’est pas par amitié pour tes sœurs, ni dans l’intérêt de leur bonheur, que tu insistes pour les garder, c’est pour contenter Gizelle, pour l’empêcher de pleurer, de crier. Je suis venu pour te les reprendre et je n’ai malheureusement que trop de raisons pour le faire.

Léontine.

Je t’assure, Pierre, que je suis sincère, que leur départ me désole. Blanche, ma sœur, au nom de ma mère, je te conjure de consentir à ma demande. Pardonne-moi, c’est avec larmes que je te le demande. (Elle joint les mains en pleurant.)

Blanche, l’embrassant.

Léontine ! toi pleurant devant nous ! toi nous de-