Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/101

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Anne.

Oui, mon cher oncle, un vrai ours, qui nous a un peu mangés.

Le général, riant.

Un peu, seulement ? Pourquoi n’a-t-il pas mangé tout ?

Laurent.

Anne dit des bêtises, mon oncle. L’ours ne nous a pas mangés ; il a seulement voulu nous manger.  »

Laurent raconta à son oncle l’aventure de l’ours et du chemineau, interrompue souvent par Anne et expliquée par la bonne.

Le général y prit beaucoup d’intérêt ; il approuva beaucoup la visite de sa sœur et parut ne pas bien comprendre le rêve du chemineau, malgré les explications de la bonne.

Le général.

Écoutez, Valérie, je sais bien ce que c’est qu’un homme ivre, j’en ai assez vu dans ma vie pour connaître leurs habitudes. Un homme ivre oublie souvent ce qui lui est arrivé dans son état d’ivresse, mais il ne prend pas un rêve pour une chose vraie et il ne va pas faire des excuses, très pénibles pour lui, sans être bien sûr qu’il les doit… Je parie qu’il a donné, pour tout de bon, une raclée à cette sotte petite fille que j’ai rencontrée en arrivant.

Laurent.

Ah ! vous les avez rencontrés, mon oncle ?

Le général.

Oui, je les ai rencontrés ; ils disaient tous les