Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/103

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de dire, et surtout elle ne voulait pas lui laisser faire l’enquête qu’il avait annoncée ; elle se décida à en prévenir Mme d’Orvillet. En attendant, elle fit cesser les questions et les réflexions des enfants en leur disant :

« Mes chers petits, je crains que votre oncle ne vous trouve bien méchants de désirer tant de mal à Cunégonde ; pensez donc quelle terrible chose ce serait pour elle et pour ses parents si c’était vrai et si cela se savait. Il ne faut jamais souhaiter de mal à personne. Rien ne déplaît autant au bon Dieu et n’afflige nos bons anges gardiens comme le manque de charité.

Le général, riant.

Ah ! ah ! Valérie, c’est aussi pour moi que vous dites cela. Et vous avez raison ; nous avons été méchants tous les trois ; moi, en croyant et peut-être en espérant que le rêve n’était pas un rêve, et vous, mes enfants, en désirant qu’il fût vrai ; et, pour nous punir, nous n’en parlerons plus jusqu’à ce que je sache par le chemineau ce qui en est.

Laurent et Anne.

Mais alors vous nous le direz, mon oncle.

Le général.

Oui, je vous l’ai promis. À présent, je vais m’établir dans ma chambre. Vous allez m’y mener. Valérie me fera voir celle que je dois occuper.

La bonne.

Celle que vous habitez toujours, monsieur le comte. D’après votre dernière lettre, madame espérait bien vous revoir un de ces jours ; elle l’a fait arranger toute prête à vous recevoir.  »