Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/116

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Madame d’Orvillet.

Tu peux dire : le fermier ; ce serait mieux dit.

Félicie.

Mais Moutonet est un paysan.

Madame d’Orvillet.

Pas davantage. Il est boucher, comme son père ; d’ailleurs pourquoi dire paysan, qui est un terme de mépris, au lieu de dire ouvrier ?

Félicie

Clodoald et Cunégonde appellent tous les gens du village des paysans.

Le général

Sac à papier ! Veux-tu bien ne pas nous parler de ces deux petits drôles, et ne pas répondre à ta mère comme tu le fais.

Félicie

Qu’est-ce que je dis de mal ?

Le général

Tu prends un air impertinent que je ne supporterai pas ; entends-tu, chipie !… Silence ! ou je te flanque à la porte. »

Félicie, obligée de se taire, comprima sa colère, mais elle résolut de se venger en n’assistant pas à la noce.

« Je n’irai certainement pas, pensa-t-elle. Si Clodoald et Cunégonde me voyaient à une noce de paysans, ils se moqueraient de moi. »

On ne parla pas de la noce devant Félicie ; mais le matin du mariage, elle déclara à sa mère qu’elle se sentait très souffrante et qu’elle demandait à ne pas sortir.