Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/20

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La bonne leva les épaules et la regarda avec pitié. Elle s’assit sur une chaise et se mit à travailler à l’ouvrage qu’elle avait apporté. Félicie bouda et s’assit à l’autre bout de la chambre ; elle bâilla, s’ennuya et finit par appeler sa bonne.

« Viens donc m’amuser, ma bonne ; je m’ennuie.

La bonne.

Tant pis pour vous ; je ne suis pas obligée de vous amuser. D’ailleurs, je suis trop au-dessous de vous pour jouer avec vous.

Félicie.

Maman te paye pour nous servir et pour nous amuser.

La bonne.

Votre maman paye mes services et je la sers de mon mieux, parce qu’elle me traite avec bonté, qu’elle me témoigne de l’amitié et qu’elle me parle toujours avec politesse. Je fais plus que je ne dois pour Anne et Laurent, qui m’aiment et qui sont gentils. Mais pour vous, qui êtes impolie et méchante, je ne fais tout juste que ce qui regarde mon service, et, comme je viens de vous le dire, mon service ne m’oblige pas à vous amuser.

Félicie.

Je le dirai à maman, et je lui dirai aussi comment tu parles de mes amis de Castelsot.

La bonne.

Dites ce que vous voudrez, et soyez sûre que, de mon côté, je raconterai à votre maman tout ce que vous venez de me dire.