Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/224

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Diloy.

Ce n’est pas de droit. On peut exiger que je travaille dans les temps pressés.

Le général.

Et c’est toujours temps pressé pour MM. les fabricants. Et les enfants, les occupe-t-on ?

Diloy.

Quand ils ont dix ans, monsieur le comte, on leur donne de l’ouvrage à cinquante centimes par jour.

Le général.

Le travail est-il fatigant, difficile ?

Diloy.

Sauf qu’on est assis tout le temps du travail, ce n’est pas trop dur.

Le général.

Et les enfants, travaillent-ils dehors ?

Diloy.

Non, monsieur le comte, à l’atelier ; ils ne sortent pas.

Le général.

Et ont-ils leur dimanche ? Peuvent-ils aller au catéchisme, à l’école, dans la semaine ?

Diloy.

Pas quand on a besoin d’eux.

Le général.

Et on aura toujours besoin d’eux. Écoute, Diloy, plutôt que d’entrer là-dedans et y fourrer tes enfants, reste chemineau et travaille à la terre. Tu perdras tes enfants ; ils n’auront aucune religion, aucune instruction ; ils seront chétifs et malingres.