Il tendit à Mme de Cémiane une lettre, qu’elle parcourut en réprimant un sourire.
« Ce n’est pas l’écriture de mon mari, dit-elle.
Pas écritoure ! Alors, quoi faire ? Il invite à dîner, et moi, povéro Paolo, z’étais très satisfait. Z’ai marcé fort ; z’avais peur de venir tard. Quoi faire ?
Il faut rester à dîner avec nous, Monsieur ; vos amis ont voulu sans doute vous jouer un tour, et vous le leur rendrez en dînant ici et en faisant connaissance avec nous.
Ça est bon à vous ; merci, Madama ; moi, zè zouis pas depuis longtemps ici ; moi, zé connais personne. »
Le jeune homme raconta comme quoi il était médecin, Italien, échappé à un affreux massacre du village de Liepo, qu’il défendait avec deux cents jeunes Milanais contre Radetzki.
« Eux sont restés presque tous toués, coupés en morceaux ; moi zé mé souis sauvé en mé zétant sous les amis morts ; quand la nouit est venoue, moi ramper, ramper longtemps, et puis zé mé souis levé debout et z’ai couru, couru ; lé zour, zé souis cacé dans les bois, z’ai manzé les frouits des oiseaux, et la nouit courir encore zousqu’à Zènes ; pouis z’ai marcé et z’ai dit Italiano ! et les amis m’ont donné du pain, des viandes, oune lit ; et moi zé souis arrivé en vaisseau en bonne France ; les