Page:Ségur - François le bossu.djvu/26

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bons Français ont donné tout et m’ont amené ici à Arzentan ; et moi, zé connais personne, et quand est arrivée oune lettre dou signor conté Cimiano, moi z’étais content, et les camarades de rire et soussoter, et oune me dit : « Va pas, c’est pour « rire » ; mais moi, z’ai pas écouté et z’ai fait deux lieues en oune heure ; et voilà comment Paolo est venu zousquici… Vous riez comme les camarades ; c’est drôle, pas vrai ? »

Mme de Cémiane riait de bon cœur ; M. de Nancé souriait et regardait le pauvre Italien avec un air de profonde pitié.

« Pauvre jeune homme ! dit-il avec un soupir. Et où sont vos parents ?

— Mes parents ?… »

Et le visage du jeune homme prit une expression terrible.

« Mes parents, morts, toués par les féroces Autriciens ; fousillés avec les sœurs, frères, amis, dans les maisons à eux ! Tout est brûlé ! et avant battous, pour les punir eux, parce que moi, Italien, z’ai allé avec les amis pour touer les Autriciens méssants et barbares. Voici l’Autrice ! voilà le Radetzki[1] ?

madame de cémiane.

Pauvre garçon C’est affreux !

m. de nancé.

Malheureux jeune homme ! Être ainsi sans

  1. Maréchal autrichien, célèbre par la répression cruelle de la révolte des Lombards en 1849.