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AVANTS-PROPOS.

Devoir de l’historien.

Le premier devoir d’un historien est de faire admirer la vertu, même lorsqu’elle est persécutée ; de faire haïr le crime : malgré le succès précaire dont le couronne quelquefois le destin ; et d’inspirer un juste mépris pour le vice, de quelque forme séduisante qu’il se montre souvent revêtu.

En développant aux yeux de nos disciples le vaste tableau de l’histoire du monde, nous leur présentons à la fois tous les exemples qu’ils doivent fuir et tous ceux qu’ils doivent imiter ; mais la vue de ces modèles a son danger comme son utilité.

Ces hommes célèbres, qui viennent en foule de tous les pays et de tous les siècles pour appuyer nos préceptes, offrent un assemblage perpétuel de vertus et de vices, de grands talens et de honteuses faiblesses ; de succès injustes et de revers non mérités.

Nous devons donc, avec le plus grand soin, accoutumer la jeunesse à bien distinguer dans ce mélange l’ombre de la lumière, à juger les hommes et leurs actions par leur moralité, et non d’après les hasards des événemens. Il faut enfin lui apprendre sans cesse, en admirant les vertus, les talens des hommes les plus illustres, à reconnaître, à condamner leurs faiblesses et leurs défauts, de quelque éclat qu’il puissent être couverts par la fortune et par le génie.